Naïf

“Ni elle ni moi ne l’avons jamais vraiment cru mais nous alimentions nos illusions en imaginant comment tout aurait été si au lieu de travailler à repriser des chaussettes pour son oncle, elle avait continué à travailler dans l’usine textile…
Les ouvriers partaient comme des oiseaux migrateurs, accompagnés de bandes sonores composées de chants révolutionnaires. Le bruit des machines sonnait comme des hymnes qui venaient de fleurir. L’usine commençait sa transformation vers une décadence plutôt pathétique.
Au fur et à mesure les machines ont arrêté de chanter, maintenant elles criaient, mais juste de temps en temps; des cris terrifiants souvent accompagnés du bruit d´un ressort qui sautait à cause des trames de la révolution, ou d’une pierre lancée avec trop de mauvaise fois par un gosse qui cherchait à exercer sa précision.
Peu à peu l’usine a été considérée comme abandonnée, même si une famille de souris l´avait convertie en résidence principale. Cependant, Toti le clown restait là, la gueule enfarinée et le cul bordé de nouilles, cherchant où était passé tout le monde.
Lui, son alter ego, une mouche et une âme attrapée dans le rythme des machines. Ils étaient les seuls survivants d´une époque où les émotions étaient à fleur de peau
Bien que, il faut tout dire, ni elle ni moi ne l’avons jamais vraiment cru.”

Finaliste pour les prix Zirkolica au meilleur spectacle de clown 2014
Finaliste pour les prix Zirkolica au meilleur spectacle et à la meilleure musique 2015